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Une première Expo pour annoncer le Colloque

Une première Expo pour annoncer le Colloque
Didier Rousseau-Navarre est sculpteur et botaniste et depuis quelques temps déjà, il travaille en s'éclairant à la mésologie !
En juin dernier déjà, en relation avec la session de clôture de la chaire, il  avait exposé de nombreuses oeuvres au Musée de Sartène. Mais cette fois, c'est à l'Université-même que nous avons le plaisir d'accueillir un échantillon de ces travaux. 
Ce sera précisément du 27 février au 27 mars, dans le hall de la faculté de Droit, Eco, Campus Mariani.



Ecoutons-le nous parler de son travail...

​L’œuvre de Didier Rousseau-Navarre, dans une formulation mésologique : « En tant que »

Une première Expo pour annoncer le Colloque
Au début était le balbutiement, la conjugaison d’un verbe à naître…
Depuis, la multitude des êtres vivants qui partage l’espace de tous les territoires, respire et s’échange le même souffle, nous sommes tous inféodés à ce même élan vital. Cet ensemble constitue les milieux qui co-évoluent avec  l’humanité.
Lorsque j’utilise un morceau d’arbre, je considère qu’il contient encore un peu du souffle d’air partagé avec nous autres humains qui l’avons côtoyé.
En effet, ce souffle, sous forme de dioxyde de carbone est retenu et fixé en partie dans l’arbre par le processus de photosynthèse pour en assimiler le carbone, qui est le principal constituant du bois, et en restituer l’oxygène.
Ma création est influencée par la mésologie. Cette mésologie dont parle le philosophe Augustin Berque, est ici le milieu (Umwelt,) qui n'est pas le donné environnemental objectif (Umgebung), mais les termes dans lesquels celui-ci existe pour un certain être (individu, société, espèce…). C’est la réalité du monde ambiant propre à cet être, et non à d’autres. Le milieu est donc singulier, tandis que l’environnement est universel. Augustin Berque introduit aussi le concept de trajection, entendu comme le processus qui produit l’état de médiance . C’est la saisie de l’Umgebung en tant qu’Umwelt ; autrement dit, c’est l’en-tant-que par lequel la Terre est saisie (par les sens, l’action, la pensée, la parole), à savoir en tant que monde.
Convaincu de ces considérations, je pense mon travail dans une trajection poïétique de l’arbre. L’œuvre a la forme agrandie de la graine qui est propre son espèce, c’est une représentation organique de la réalité.
La graine est dépositaire d’une mémoire biologique, mon geste poursuit cet élan mémoriel en révélant sa forme, la nature de son bois,  la mémoire physique des tensions de son vécu qui apparaissent avec les fentes et poursuivant, je grave l’adresse du lieu, du milieu où l’arbre a grandi.
l’œuvre se fait Umwelt en convoquant les éléments de cette poïétique et de cette poétique ;
C’est alors qu’elle devient cet en tant que par la trajectivité qui la rappelle à la terre (Umgebung).
Ainsi s’exprime le caractère mésologique de mes œuvres.
 

Mon travail en Corse a commencé il y a 14 ans, découvrant la région du Sartenais Valinco j’ai pu observer la disparition des paysages dans le mitage du territoire sous les coups de pelles des bulldozers promoteurs de la tabula-rasa. Parmi les laissés pour compte dans ce massacre il y a des arbres alors j’ai entrepris de les utiliser pour leur faire dire le souvenir du paysage dont ils étaient corps présents. Quoi de mieux que la représentation de leurs propres graines pour leur faire dire l’importance de la mémoire. Et puis il y a ces stantari présents sur l’île, ils ont une vocation tutélaire. Ils témoignent en tant qu’objets transitionnels dans la naissance de l’agro-pastoralisme, du lien au territoire des paléo-corses.
J’ai souhaité aussi faire dialoguer ma réflexion d’artiste avec ces statues menhir car mes œuvres participent de la même intention. L’histoire culturelle de la Corse porte des valeurs que mon travail de création revendique dans l’esprit de la mésologie.


La scénographie de l'exposition a été pensée par Clémence Lévêque, stagiaire en design
GRAZIELLA LUISI | Mise à jour le 24/02/2015