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Lettre aux nouveaux étudiants de l'Université

Lettre aux nouveaux étudiants de l'Université
On ne naît pas étudiant, on le devient. Par apprentissage et par acclimatation. Certains sociologues évoquent même un véritable « métier d’étudiant » tant il y a de codes et de rites à maîtriser pour réussir et obtenir son diplôme.

En arrivant à l’Université, vous allez découvrir un lieu ambigu, contradictoire, entre norme et liberté. Un lieu qui développe l’esprit critique et les solutions collectives. Car c’est à l’Université que se produit, puis que se diffuse le savoir. Ce savoir, qui aide à comprendre le monde, son ordre et ses désordres, la manière dont il fonctionne et dysfonctionne. Ce savoir, qui est avant tout un bien collectif, mais qu’il faut apprendre à s’approprier, individuellement.

lettre aux étudiants 2013.pdf

Vous verrez aussi que l’Université est un espace de confrontation publique des pensées, qui fonde la liberté d’opinion. Aucune interrogation n’y est jamais définitivement réglée, toute certitude doit être sans cesse remise en question. Notamment par vous, les étudiants !
L’univers universitaire permet de développer le doute et de contester tout ce qui semble aller de soi. En Corse comme ailleurs ; voire plus qu’ailleurs !
 
A l’Université, vous trouverez a à la fois accueil et distance. Vous découvrirez l’autonomie, c’est-à-dire le droit de choisir ce qu’on veut être.
C’est pour toutes ces raisons que l’Université est dans la vie, même si elle n’est pas la vie, même si elle en dit parfois plus que la vie.
A partir de maintenant, l’Université de Corse va aussi exister à travers vous, votre pensée, vos expériences. Et dès cette année, vous pourrez :
 
-           Développer votre ouverture au monde, votre capacité à observer, votre appétence pour la vie, votre goût pour les autres, votre solidarité envers les plus fragiles.
-           Pratiquer la polyphonie intellectuelle, et musicale !
-           Connaître la douceur que procure l’acceptation de ses erreurs et de sa vulnérabilité.
-           Converser sans fin, sans nécessité, avec légèreté.
-           Etre subjugué par quelques enseignants de talent.
-           Remettre à leur place les arrogants et les misogynes.
-           Vous rebiffer au moment crucial, mais toujours sans violence.
-           Vivre dans la fidélité de vos idées.
-           Vous asseoir face à la montagne, sans rien faire, pour le seul plaisir de paresser.
-           Etre touché par la grâce de la Vieille Ville et l’ambiance du Cours.
-           Eprouver la satisfaction de mettre un point final à un texte.
-           Inaugurer la bibliothèque avec Rousseau, Sartre, Duras ou Dalzeto.
-           Goûter le plaisir de penser ensemble, de pratiquer l’hospitalité intellectuelle et la délicatesse des joutes oratoires autour de l’universalité de la raison.
-           Ressentir la complicité pour bâtir avec d’autres l’avenir, cet espace de possible, de désir, de rêve et de liberté.
-           Partir et revenir, en regardant toujours vers la figure emblématique de l’Université, Pasquale Paoli, parti et revenu fonder ici la première université de Corse, source de toutes vos découvertes futures. Car comme l’a dit notre philosophe Jean-Toussaint Desanti « Une île n’est pas seulement une unité géographique, elle est un lieu d’où l’on rêve, d’où le regard se perd, mais où il peut se retrouver. (…) Un lieu pour demeurer, un lieu pour être nulle part. »
(in La Corse, une affaire de famille)
 
Pour reprendre le poète espagnol Antonio Machado qui déclarait « ¡ Caminante, no hay camino !», sachez que pour vous, qui allez cheminer, il n’existera pas d’autre chemin que celui que vous tracerez. Ié o ghjuvanottu, tu chì sii nant’à u caminu, sappia chì caminu, un ci n’hè ! Sii tu chi u faci !
 
Alors bon vent, è ùn vi scurdate mai chi Studià hè Libertà !
GRAZIELLA LUISI | Mise à jour le 26/08/2013