Prima Cattedra (coming soon !)

 La thématique choisie pour cette première chaire, "Développement des territoires et innovation", est en résonance avec des impératifs majeurs de la Corse.
Territoires finis, circonscrits, les îles engendrent une relation souvent plus intense qu’ailleurs entre société et environnement. Penser cette relation de façon équilibrée, en assumant tout à la fois les dimensions économique, technologique et symbolique du milieu humain, voilà qui doit guider la conscience et les projets en matière d’occupation et d’aménagement de l’espace.
 A l’heure où les équilibres entre environnement et société se redéfinissent en Corse du fait d’un certain développement, Marie-Antoinette Maupertuis, directrice de l’UMR LISA, et les membres du Conseil de gestion de la Fondation ont décidé de confier pendant deux ans la responsabilité scientifique de cette chaire à un chercheur d’envergure internationale, le géographe et philosophe Augustin Berque, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS, Paris).

Penseur radical et refondateur, Augustin Berque récuse l’opposition entre société et environnement, et élabore une nouvelle discipline scientifique, la mésologie – science des milieux humains, définis par la relation entre environnement et société. Il rappelle ainsi par exemple que l’environnement s’envisage toujours en termes de ressources, contraintes, risques ou agréments pour la société, et ne se pense donc jamais de façon dissociée.
Notre regard et nos ancrages dans les territoires et paysages pourront ainsi s’enrichir, s’équilibrer et dépasser les clivages entre partisans de la protection de l’environnement et partisans du développement socio-économique.
Dans le cadre de cette chaire, Augustin Berque viendra chaque saison animer deux séminaires : un séminaire de recherche en mésologie et un séminaire plus territorial où il travaillera en particulier les questions d’habitat et d’espace public. Car au-delà de ses recherches fondamentales en géographie, il est chercheur associé à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-La Villette (ENSAPLV).
Façon pour l’Université de Corse d’apporter pour la première fois une contribution à ces questions d’architecture et d’urbanisme, car aucune formation n’existe encore en la matière sur l’île.

Si la chaire sera inaugurée officiellement à la rentrée 2012, nous avons construit en ce mois de juin une semaine de préfiguration. En effet, pour préparer le plus collégialement possible la chaire à venir, l’UMR LISA a organisé une semaine de séminaires, où ont été invités certes les membres de la communauté scientifique, mais aussi les acteurs, penseurs et re-présentateurs de l’aménagement de l’espace  en Corse  afin de constituer un groupe de travail hybride qui puisse définir un corpus de problématiques pertinentes et stratégiques.

 12 juin, Séminaire scientifique : mésologie
L’homme et son milieu : une analyse en termes de prises écouménales

 La notion de "prises" dans la pensée mésologique vise à cerner le rapport que les hommes entretiennent avec la réalité des choses. Ce rapport prend forme notamment dans les mots qu’ils attribuent aux choses. C’est la concrétude de ce rapport qui nous interpelle et qui se traduit par l’idée que "les mots et les choses grandissent ensemble". Ce rapport s’exprime aussi dans le sens que nous donnons à la réalité, à ses composantes concrètes. Or ce sens nous est suggéré par une réalité hic et nunc.
Les prises écouménales sont précisément des prises avec (plutôt que sur) la réalité c’est-à-dire des suggestions que le milieu nous renvoie. Augustin Berque identifie quatre types de prises : les ressources, les contraintes, les risques et les agréments. Ces notions peuvent constituer une grille d’analyse renouvelée des relations  entre l’homme et son milieu, entre l’homme et son environnement.

14 juin, Séminaire appliqué aux enjeux territoriaux : aménagement de l’espace
L'urbain diffus, les tendances de l'habitat dans les pays riches

Ardent refondateur de l’étude des milieux humains, Augustin Berque rappelle que la relation entre une société et son environnement est toujours à la fois écologique, technique et symbolique. Ainsi, seule la prise en compte simultanée de ces trois dimensions permet une relation équilibrée et donc un développement durable.
Egalement chercheur associé à l'Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-La Villette, il prône la même exigence  lorsqu’il s’agit pour l’homme d’habiter le monde et d’aménager l‘espace. Architecture, urbanisme, paysagisme… il rappelle qu'on ne peut pas - ou qu'on ne peut plus - se contenter en la matière des dogmes fonctionnalistes qui ont régi la modernité car là se croisent en fait le politique, l’esthétique et l’éthique.
Réfléchir à partir des ressources, des contraintes, des risques et des agréments du contexte environnemental, construire un espace public qui permette la juste circulation des hommes, des idées et des activités, révéler le beau et le bien d’un territoire, voilà ce qui se joue dans l’aménagement équilibré et harmonieux d’un territoire ; voilà qui devient  indispensable dans la Corse de 2012.
Ce séminaire approfondira donc le concept de prises écouménales afin d’éclairer sous un nouveau jour l’argument traditionnel de la tension économique entre besoins et rareté, et la question  très actuelle de la gestion durable des ressources naturelles dans son rapport avec les tendances de l'habitat dans les pays riches, à savoir l'urbain diffus.